Des légendes au Doi Moi

Du Viêt Nam des légendes au Doi Moi, l'évolution d'une nation au caractère fort

Vous racontez l’histoire détaillée de mon Pays n’est pas mon but. Vous trouverez sans aucun doute les grandes dates et les événements importants dans n’importe quelle chronique. J’aimerais simplement souligner ici quelques traits qui me semblent indispensables pour bien aborder un voyage culturel au Viêt Nam. L’évolution du Viêt Nam est intimement liée à ses légendes fondatrices. Contrairement à certains pays d’Océanie ou d’Amérique, l’histoire est aussi riche et ancienne que celle des civilisations occidentales, égyptiennes et grecques.

 

Deux royaumes opposés

L’Histoire du Viêt Nam est ponctuée de dominations chinoises et de soulèvements populaires qui permirent à certaines époques de s’en défaire. Le Viêt Nam n’a pas toujours été uni, bien au contraire : Nord et Sud sont historiquement deux royaumes opposés :

au Sud, le territoire des Chams s’étendait jusqu’aux Hauts Plateaux et au Col des Nuages ;

au Nord, la colonisation chinoise a été très importante : en témoignent encore les nombreuses ethnies minoritaires venues du Laos, de Chine, de Thaïlande ou de Birmanie qui habitent encore aujourd’hui les sommets les plus hauts du Viêt Nam.

 

De la Dynastie des Rois Hungs jusqu’au Nam Viêt chinois

FR2201deslegendesTout commence avec la dynastie des dix-huit rois Hung, descendants directs de l’union d’un dragon et d’une immortelle. Le pays s’appelait alors le Van Lang. Nous sommes environ à 4000 ans avt. J.-C (lire la légende). Aujourd’hui encore, les vietnamiens se rendent en pèlerinage au mont Hung, à Co Tich (80km au nord de Ha Noi), le 10ième jour du 3ème mois lunaire. Un royaume rival, l’Au Lac, s’empare du Van Lang en 257 avt. J.-C. et fait de Co Loa sa capitale sur les conseils d’u génie, la Tortue d’Or (lire la légende). Le village de Co Loa, dans les environs immédiats d’Ha Noi, abrite encore aujourd’hui les vestiges d’une cité fortifiée, capitale de l’Au Lac. Une centaine d’années plus tard, le Nam Viêt, un royaume méridional de Chine s’empare de l’Au Lac jusqu’au Col des Nuages et conservera la nation pendant plus de 1000 ans. Le mandarin s’impose comme écriture, ainsi que la philosophie de l’ « empire du milieu » : confusionnisme, taoïsme puis bouddhisme. Pendant ce temps, au Sud du pays, les peuples Khmers et Chams émergent du delta du Mékong par la porte d’Annam. Venus d’Inde, ils adorent la déesse Shiva et rédigent leurs textes sacrés et mémoires en sanscrit.

 

"Dai Viet" et "Nam Tien" rythment les époques...

Au milieu du 10ème siècle, le Nam Viêt devient Dai Viêt suite à une révolution populaire. Trois dynasties se succèdent en moins de cent ans. L’indépendance sera acquise en 1009, lors de l’avènement de Ly Thai Ho, qui fait de Thang Long sa capitale (la future Ha Noi, lire la légende). L’Histoire vietnamienne est alors marquée pendant des siècles par deux buts :

La « marche vers le sud » (Nam Tien), initiée par le général Le Qui Ly, devenu l’empereur Ho Qui Ly en 1400 afin de récupérer les terres les plus fertiles du pays,

La défense du Nord et de l’embouchure du Fleuve Rouge à Hai Phong, successivement contre l’envahisseur chinois, puis mongol au 13ème siècle.

 

La dynastie des Nguyen et la romanisation de la langue

FR2202deslegendesAu 16ème siècle, les Nguyen se révoltent contre le pouvoir central de Ha Noi, en possession des Le et des Trinh. Basés sur des terres qu’ils ont arrachées aux Chams, ils se déclarent alors en seigneurie indépendante. Huê devient la capitale de leur empire, d’où ils lanceront des raids vers le sud avant de s’emparer du delta du Mékong. Le port de Hoi An leur permet alors de prospérer grâce aux échanges internationaux avec les Portugais (qui possèdent les comptoirs de Macao et Goa), les Chinois, les Malais et les Japonais. L’ouverture du pays est telle que des corporations de marchands s’y installent, suivies de peu par les premiers missionnaires franciscains et jésuites. C’est l’époque de la « romanisation » de la langue Viêt, léguée par le père Alexandre de Rhôdes. Du colonialisme français à la résistance d’Ho Chi Minh L’unification du Viêt Nam par l’Empereur Gia Long en 1802 ne parvient pas à freiner l’essor du colonialisme occidental. Les Français prennent Saïgon, le royaume des Khmer à Angkor et le Laos afin de fonder la Cochinchine. Continuant leur marche vers le Nord, ils s’empareront tour à tour de l’Annam, l’ancien Royaume des Chams au Centre, et du Tonkin, formant au final l’Indochine. Sous l’occupation française, un jeune homme du nom de Nguyen Tat Thanh s’embarque pour Marseille. Il étudiera à Paris, à New York et à Londres, avant d’arriver à Moscou en 1923. En 1942, tous le connaîtront sous son nom de guerre : Ho Chi Minh, chef des troupes du Viêt-minh, la résistance vietnamienne.

 

Les guerres idéologiques d'Indochine

FR2203deslegendesLes combattants des maquis soutiennent Ho Chi Minh jusqu’à la prise de Ha Noi le 2 septembre 1945, où il proclame la République Démocratique du Viêt Nam (RDV). Malgré un réel désir de cesser les hostilités, la guerre reprend quelques jours plus tard contre la France, qui s’est alliée aux Etats-Unis. La RDV trouve des alliés auprès de la Chine et de l’URSS. Le « rideau de fer » s’installe en Asie. Après le bombardement d’Haiphong, après le napalm, la reddition d’Hoa Binh et la bataille de Dien Bien Phu, le départ des troupes françaises est signé à Genève en 1953. Les Viêt Namiens anti-communistes du Nord, quelque 900 000 personnes, passent alors sous protectorat américain au Sud. La seconde guerre oppose les troupes américaines aux « viets-congs », le Front National de Libération. Durant les attaques à l’« agent orange » et les bombardements, la résistance s‘abrite dans les tunnels de Cu Chi et Vinh Moc, avant de lancer l’offensive du Têt en 1968. La destruction de la cité impériale de Huê et l’attaque de l’ambassade des Etats-Unis à Saïgon précipitent le départ des troupes américaines en 1975. La réunification du pays donne naissance à la République Socialiste du Viêt Nam.

 

L’après guerre : de Pol Pot au « doi moi »

En 1977, Pol Pot et les Khmer rouges du Cambodge, soutenus par la Chine, attaquent le Viêt Nam. Ce dernier, soutenu par l’Union Soviétique, riposte et envahit Phnom Penh en 1979. L’occupation durera 10 ans et sera décriée dans le monde entier. Le calme revenu, le Parti peut amorcer la reconstruction nationale. En 1986, le gouvernement lance une politique de renouveau économique, le « doi moi ». Il s’agit de privatiser les moyens de production, de libéraliser les campagnes vietnamiennes afin de doper la production, pour assurer une certaine autonomie alimentaire dans un premier temps. En 1992, les liens commerciaux s’affirment avec la grande sœur chinoise. En 1995, le Viêt Nam est admis dans l’ASEAN et rétablit des relations diplomatiques avec les Etats-Unis.